Autour de la table ça diffuse, la bergamote invite à la rêverie.
Pour elle ce sera avec un nuage de lait, parfum caramel le thé s’il vous plait.
A droite, une dame aux reflets roux plonge un sucre dans la porcelaine, autour d’elle les conversations fusent dans un discret cafouillis de mots. Au vol elle en saisi quelques uns pour écrire un haiku.
« Théière bleue
Rêverie sucrée
Pour attendre la mer »
La chaleur de la tasse fait du bien aux mains gelées de l’étudiante, elle refuse une pâtisserie, et se replonge dans son bouquin.
La mère de famille commande deux chocolats pour les enfants, ouf une pause, elle en profite pour téléphoner à une amie, on pourrait croire qu’elle chuchote simplement. Elle regarde l’endroit. Les tables sont soigneusement dépareillées, les chaises en velours. Elle s’y love, elle est heureuse.
Aux murs quelques cadres rétros, le temps suspend sa course.
L’homme repose le journal. Un café suffira, merci. Il cherche son téléphone.
Plus en retrait, un couple. Ils se tiennent la main et le thé patiente. La bergamote c’est pour elle. Elle trouve ça joli comme mot, ça sonne bien, comme une promesse. Elle sait depuis peu que c’est un agrume.
Lui a la main gauche dans sa poche, moite. Il sent la petite boite. Est-ce le bon moment ?
Finalement il remet la boite tout au fond, et de sa main interpelle la serveuse. « S’il vous plait, deux Paris Brest ».
Demain il prendra le train.