Lettre aux « sans » de partout, si nombreux.

Parce que votre nombre ne cesse de croître, parce qu’aujourd’hui la moitié de la planète se trouve confinée, je pense à vous tous manquant d’amour, les sans patrie, sans liberté, sans terre, sans abris, sans papiers, sans eau, sans nourriture, sans voix, ni électricité, ni toilette…

Je me pose la question de savoir ce que vous pensez de « notre isolement social », « gestes barrière », gestion de la crise sanitaire, etc… !

De temps en temps quelques phrases sorties de bouches affamées, quelques images furtives de vos visages hagards viennent titiller nos bonnes consciences endormies. Puis la lumière s’éteint, comme s’il ne fallait pas déranger trop longtemps le ronron continu de nos informations en streaming qui ne manqueront rien du dernier évènement.
Les journalistes accordent leurs instruments sur les basses, les graves surtout, qui font audience.

Aujourd’hui, dans nos cages plus ou moins dorées, on déploie des trésors d’imagination pour passer ce temps sans expérience passée.

Notre oncle Dan s’y emploie, et c’est comme ça que je me retrouve devant une feuille de papier à vous écrire ces mots, ces phrases lancées dans le vide de l’incompréhension.
Non, vous n’êtes pas au rebut, ni des indésirables laissés pour compte, des quantités négligeables, victimes de conflits, d’intérêts stratégiques ou économiques. Vous êtes seulement des frères pour qui l’on ne peut rien ou malheureusement si peu à notre échelle. On peut juste espérer que le sort qu’on vous a fait sera un jour vengé par des avancées spectaculaires dans le domaine de la paix, du développement et de la lutte contre la pauvreté. 

J’en profite pour saluer le combat exceptionnel d’Esther Duflot, le travail des membres de l’AFD toujours à la recherche de programmes innovants. 

Ceux-là nous donnent le courage de ne pas désespérer.


Tout à fait consciente d’être du bon côté, je ne vous oublie pas  et crains le pire pour vous en ce moment où dans nos pays soit disant ultra-équipés nous peinons à dominer le mal qui nous touche.

© Misha, avril 2020

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