Que faisait-elle dans ces îles lointaines se demandait-elle ? Elle n'aimait pas la chaleur, la mer, un peu seulement. Elle reconnaissait que se prélasser sur ces plages de sable blond, barboter dans les eaux limpides du lagon n'était pas désagréable … Les « ploufs » du groupe local d'adolescents , gênaient sa tranquillité et sa méditation. Une jeune fille spitante, sortit de l'eau tout habillée, comme nue. Bon, ils étaient chez eux, c'était elle « la » touriste.
Quelques femmes lascives, aux gestes lents comme mécaniques, chuchotaient et souriaient : elles goûtaient la vie suavement …
Au loin, la mangrove réveillait l'atmosphère, mettant une touche de vert vif dans le paysage, comme une oasis dans le désert brûlant.
Toutefois, la fluidité de l'air et de l'eau incitait à la paresse : elle ne pouvait qu'admirer poissons et tortues, sauvages, pas sauvages, au bord de cette longue plage, en pente très légère vers la haute mer et les coraux.
Le temps s'écoulait comme dans un rêve, fluide et nonchalant … Juste se laisser bercer, sans trop s'éloigner, elle ne savait toujours pas nager … Les demies journées se passaient ainsi, avec en alternance un bon livre, et l'étude des coquillages du coin. Farniente, farniente, elle n'a pas envie de plus. Lâcher, oublier les mauvais moments passés, était essentiel, là tout de suite. Yeux ouverts ou fermés, le lieu était présent ou apparaissait telle une aquarelle, douce et claire, pastel.
Au loin brusquement, de gros nuages noirs assombrissent le ciel, se dirigeant droit sur la côte ; des grondements, des zébrures jaune vif dans la voûte gris foncé, l'ondée est proche, non déjà là, engloutissant d'un coup la dite aquarelle à vau-l'eau.Une douche tiède la saisit, retour à l'hôtel illico presto, ruisselante. Son livre, « les jours clairs », n'est plus qu'un tas de papier mâché, irrécupérable.
Non, décidément, elle n'est pas faite pour les tropiques et ses sautes d'humeur. La variété et la vivifiance de la montagne tempérée, lui manquent trop, comme une présence rassurante et constructrice.
© Helella
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