Texte autour du mot mystère



« Et si la nature déployait ses mystères pour nous parler   
gentiment à l’oreille. »

Vous aimez les histoires, moi aussi et encore davantage quand elles sont vraies.

Alors voilà, ça se passe en Équateur au début des années 2000 dans une tribu amérindienne Kichwa du village de Sarayaku.
Malheureusement je ne suis ni chamane, ni fille de chamane pour vérifier les dires de José Galingua, initié par son père au « Chant des fleurs ».

Ces pauvres bougres avaient eu la malheureuse idée de naître dans une région très convoitée par les géants pétroliers de la planète. Vingt ans plus tard, aujourd’hui, le cours du baril de brut s’étant effondré, peut-être auraient-ils eu plus de chance ? 

Comme beaucoup de leurs congénères, il décide de résister et faire valoir leur droit d’être humain à disposer d’une terre en toute sécurité, c’est-à-dire non polluée, sans risquer des contaminations incessantes dues au dégat lors des forages et des fuites fréquentes. 
Ils se lancent, au départ, dans l’établissement d’une carte de leur territoire, et rédigent une plainte auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme contre l’état équatorien. 

Cette action reste vaine, c’est le pot de terre contre le pot de fer et les autorités restent sans égard vis-à-vis de cette population fragile.
Pour ne pas aller à sa perte, l’action doit gravir quelque étage, prendre un tour plus radical et visible. 

Un jour de transe,  José décide de mettre ses amies les plantes dans le coup en les questionnant sur la conduite à mener pour sauver leur lieu de vie commun. Quelle ne fut pas sa surprise lors du décryptage du message envoyé en réponse au « Chant des fleurs » de José. Toutes les plantes sans exception demandèrent à la tribu d’ériger une frontière de fleurs encerclant le territoire d’une longueur de 500 kms de long pour le protéger. Celle-ci, visible du ciel devait marquer davantage les esprits en haut lieu. 

Ainsi, les indiens Kichwa bénéficièrent de nombreux soutiens internationaux, d’États, d’entreprises, de particuliers, pour planter des arbres à la canopée multicolore. On peut devenir parrain d’un arbre de la Frontière de fleurs (http://frontieredevie.net )

En 2012, un verdict est rendu en faveur des amérindiens. L’état équatorien est lourdement condamné par décret à des dommages et intérêts conséquents en faveur de la tribu Kichwa. Chose incroyable, on l’oblige de surcroît à faire des excuses publiques lors d’une cérémonie se déroulant sur leur sol. Cinq représentants se sont rendus sur place pour écouter José leur dire : « Cette destruction préfigure la vôtre. Le pétrole est le sang de la Terre, et si vous la videz de son énergie vitale, vous en mourrez ».
Prémonition ou pur hasard, la journée s’est achevée par le crash de l’hélicoptère gouvernemental au décollage.

« Aux dernières nouvelles, la Frontière de fleurs est actuellement en panne de financement. Le gouvernement équatorien a autorisé les forages dans le parc naturel Yasuni, classé par l’Unesco, et achève de vendre aux pétroliers chinois ce qui subside de son immense forêt tropicale. » D.VC

Histoire relatée par Didier Van Cauwelaert dans son livre : « Les émotions cachées des plantes »
En 2013, le réalisateur belge Jacques Dochamps a réalisé un film document avec José : « Le chant de la fleur » primé dans de nombreux festivals.

© Misha,  4 mai 2020

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