Tranche de boeuf




Fable bouchère

Ils s’étaient rencontrés aux Halles Baltard
Devant l’étal d’un boucher 
Elle qui faisait la queue 
Pour acheter d’la viande de bœufs
Lui qui n’avait pas l’rond, le bâtard,
Flaira l’aubaine : c’est une oie blanche
J’vais la plumer, c’est dans la manche.
Il portait beau, l’était passé
Chez son merlan le matin même.
L’avait les cheveux gominés
On aurait dit tartinés d’crème.
Elle c’était un tendron
Une jolie  petite mignonne
Une cousette avec ses aiguillettes
Qui travaillait   pour une baronne.
Elle était née bien loin d’Paris
Et dans les jours de nostalgie
Elle disait à ses amis
« Ma Creuse, c’est un beau département ! 
La France profonde, assurément. » (Goûtez le jeu de mots !)
Il l’invita donc dans son gîte
Lui promettant un beau collier
Bien décidé à lui montrer sa...  (cherchez  la rime : des rimes en –ite, y en a pas tant !)
Si elle n’ faisait pas l’effarouchée.
La pauvre enfant sans défense
L’accompagna en toute confiance
Dans son trou, un gîte à la noix
Un bouge tout  rempli d’araignées
Qu’il occupait rue Quincampois.
Mais c’n’était pas une mijaurée
Et avant qu’il n’ait réalisé
L’était déjà  déshabillée !
Côte, entrecôte et tout l’toutim !
Et c’était vraiment pas d’la frime !
Elle lui dit l’air un tantinet vicieux :
« Allume-moi, j’ai b’soin d’un mec !
Je serai fondante comme du rumsteck !
Dépêche-toi de mettre mon pot au feu !
Fais gaffe quand même, s’il te plaît
Tu piges, je travaille sans filet. »
Il vit d’abord estomaqué
Qu’elle n’était pas plate de côtes
L’avait des jumeaux bien costauds !
Il fit même une drôle de mine
Quand il vit son gros bout de poitrine
Qui prospérait jusqu’aux basses côtes !
Il sentit tout à coup sa hampe
Se soulever prise  d’une crampe !
Il en bavait à perdre les sens
Il se dit même qu’il flanchait.
Quand il sortit de son coma
Se mouvant avec peine
Cherchant à reprendre haleine,
La nénette n’était plus là.
Elle avait laissé un p’tit mot
Trois quatre lignes plutôt vaches !
« Qu’est-ce que tu crois, l’apache ?
J’ai bien cherché dans ton portif
Pas un sou, pas un liard
J’vais t’dire,  t’es qu’un tricard, 
Tu es même pire qu’un laxatif
Suffit de regarder ton gîte !
Y a même pas de la place pour les mites. (on en trouve, des rimes en –ite... termite par ex !)
Dis-toi que si ton coup foire
C’est qu’tu nous prends pour des poires. 
Tu cherchais un gentil mouton
L’est pas encore né, mon mignon
Celui qui m’tondra la toison ! »

Il me reste à caser  l’onglet 
Si vous trouvez j’fais un rabais
Sur le bifteck et le rumsteck
J’veux pas finir  sur un échec !


©  Patricius 
le 18 avril 2020